Comme il est dur de vieillir Même à mes pas l'ombre est vieille Et au coin de la rue veille Un spectre à circonvenir Comme il est dur d'avancer Le néant vers nous se rue Et le temps nous diminue De notre ardeur à chanter J'ai beaucoup vécu sans joie Seul et patient dans le terne Je préparais l'avenir Seul et triste, seul et terne J'ai attendu très longtemps Acceptant ma maigre paye Ama**ant de pauvres fruits Chaque sourire une aubaine Des tristesses, des chansons Des joies avortées, des veilles Atroces, des trahisons La trahison de la treille
Et puis la journée s'enfuit Dans un grand rire qui dure À mesure qu'on vieillit À mesure qu'on mesure Et c'est donc vous que je hèle Grappe de ballons lancés Flottille par l'eau bercée Qui me fûtes infidèles Fruits mûris dans mes jours longs Je cherche des yeux qui m'aime Ah, compagnes, compagnons Le mal du temps nous malmène Toi qui déchiras le pacte Et qui reviens à pas lents Voici donc le dernier acte J'y use encore mon allant Reviens. Revenez donc tous Je vous veux, je vous espère Et cette espérance même Me tend, me tue mêmement