Qui tire les ficelles du vent?
Qui baisse le ton des nuages?
La mer, qui la met à genoux
Léchant les pieds des enfants sages?
Qui sait prendre le fleuve au mot
Et rit dans le dos des montagnes?
Qui met de l'ordre dans l'été
Détournant le cours des serments?
Et qui te pousse vers mon mal?
Par quel reflux de ton enfance
Te ramenant des Angleterres
Tu cingleras vers mon tourment?
Qui tranche dans la vie à vif?
Qui fait l'audace de l'amour?
Qui coupe cette ligne d'ifs?
Quel doigt léger? Quel vouloir lourd?
Les jours sont des animaux tristes
Que je caresse d'un ciel las
Où es-tu? Le temps perdu glisse
Une rivière sous tes pas
Qui te convainc de revenir
Par le pertuis des soirs d'automne?
Vingt années tu as à couvrir
Couvre-toi. L'oiseau t'arraisonne
Au ferry qui, sur Saint-Malo
Débarque les amours par mille
J'attendais quand perle dans l'eau
Ton visage où comme une ville
A jailli, puis moi, immobile
Naufrageant, vide ra**emblant
Tous mes biens, tous mes biens, le vent
M'a pendu. Ou bien j'étais ivre.