Vie, ma vie, je sais à présent que tu partiras sans bagages Comme une femme qui s'en va laissant celui qu'elle a aimé Tu partiras seule en pleurant par la porte sans paysage Un jour tu partiras sans moi en laissant notre lit défait Avons-nous pourtant cheminé de l'innocence à la sagesse Habités d'un étrange amour fait de distance et de tendresse Jamais tu n'as crié mon nom, retranchée dans ton lourd secret Si je tisonnais à foison les corps dont tu me pourvoyais Mon épouse était toi toujours, toujours étrangère aux caresses Me mesurant l'air et le pain, tenant mon souffle à ta merci Ma vie, ma vie Tu partiras Ma vie, ma vie
Tu partiras M'abandonnant en ma détresse Enclavé dans l'hiver sans feu attisé de mille soucis Ma vie, ma vie Tu partiras Le trajet raccourcit en nous à chaque battement d'artère Et lorsque le cours s'interrompt ce n'est qu'un charroi qui se perd Rien qu'une ferraille à jeter au ravin des durées sauvages Ou bien un fleuve qui s'en va étirant son immensité Vie, ma vie je sais à présent que tu partiras sans bagages Comme une femme qui s'en va laissant celui qu'elle a aimé Nous le savions, le répétions, nous le relisions dans nos sables Alors, ma vie, dis-moi pourquoi La nappe d'or fin sur ma table