Le cheval a le temps de mesurer la terre
Il tire au râtelier la paille du soleil
Sur son ventre un tracé de rivières amères
Où déferle le sang innocent des sueurs
Cheval
Cheval cloué vivant sur l'arbre de la faim
Ton œil veilleur est doux sur nos mains pardonnées
Cheval jusqu'au poitrail dans la houle du pain
Éclaboussé de vent et frotté de fumée
Cheval
Cheval mal dégagé des brumes du matin
Somnambule avancé sur le bord du ciel vide
Une voix te hasarde, une voix te retient
Usée par le vin fort, l'amour et l'eau des larmes
Le cheval a le temps de mesurer la terre
Il tire au râtelier la paille du soleil