{parlé:} Voilà c'est cette nuit, tu as été renversé par une voiture Place des Gobelins, tu perds ton sang devant quatre ou cinq noctambules Tu constates que les agents sont lents et que tu n'as pas peur Aujourd'hui mardi, ta mère repa**e le linge, elle est sans nouvelles de toi Tu n'auras pas écrit grand-chose en dix ans: quelques vers peu habiles À part dans l'insolence et l'amitié, tu n'avais pas tellement de talent Tu as vécu, tu as paré au plus pressé, tu as perdu ton temps J'ai perdu mon temps et ma vie à tenter d'être libre J'ai vécu heureux à me battre entre le silence et les mots difficiles
L'ambulance je la reconnais, elle ressemble à mon lit d'enfant Mon frère aîné est près de moi, il me joue de l'harmonica Je vais mourir à l'heure que j'aime, à l'heure où j'aimais vivre La nuit je veillais sur vous mes amis connus et inconnus Je pénétrais entre vos cils fermés dans la chaleur des barques Ou dans vos rêves qui sont à tous les mêmes et parlent de justice C'est une belle heure pour mourir et c'est un bel endroit L'aube vient comme un ventre de femme dans sa folie de feuilles J'ai pa**é ma vie à me préparer pour cet instant-là Frère cadet de tous les hommes libres