[Couplet 1] Petit déjeuner avalé, il est fin prêt à cavaler En direction du building où il travaille depuis des années Boit café sur café pour mieux taffer, agrafer les pages Des contrats, contraint à répéter : "Ça va signer" Négligeant, il n'a ni femme, ni enfant, ni plante Mais est trop intelligent pour réaliser que sa vie est chiante Exigeant, il blâme les incompétents, se vante de Licencier des gens, coucher avec la méchanceté l'enchante Soudoyer ses employés sans cesser de les vouvoyer Puis sortir ses griffes acérées pour lacérer ces écorchés Nez pincé face aux fumées de ses souffrances étouffées Il se magnifie, s'identifie à un grand chevalier De nouveau-né à écolier rêvant de déployer ses ailes De jeune homme diplômé à bon stagiaire, à employé modèle D'homme riche et puissant à souverain triste et méfiant De retraité épuisant à vieillard bête et méchant [Refrain] Ses stratégies l'entêtent, la calvitie le guette C'est la nuit qu'il s'embête, il apprécie les filles faciles, en fait Laid : il voudrait ne pas l'être Mais il reçoit des lettres lui disant qu'il l'est, c'est bête
[Couplet 2] Incité à l'excès par la publicité, excité à l'idée d'ama**er Des paquets de billets, de les cacher sous son lit Entre un sécateur et une batte de base-ball Il aurait aimé être acteur ou chanteur de dance-soul Il ne redoute que la banqueroute et la goutte de foutre Qui fera déborder l'athlétique poupée en plastique qu'il nique Comme s'il s'agissait de son joueur de foot préféré Un samedi, en août, enfermé dans son salon, rideaux tirés Réduire sa mère en cendres, se percer la tempe ou se pendre Un matin de septembre, dans sa chambre : l'affaire est à prendre Il s'imagine devenant victime ou même héros Mais aucun avion ne se crachera dans son bureau Hébété, il a maté des milliers de DVD S'est répété qu'il était le fils caché d'une star décédée Il voudrait voir la police débarquer pour l'arrêter Il pourrait s'échapper, sauter avec son parachute doré Se réceptionner sur les épaules de piétons étonnés Puis dialoguer avec eux, avant de se faire piétiner [Refrain]