Quand vient la nuit, à l'abri de la pluie Seul, a**is, silencieux, je m'instruis Puis je cherche des rimes, les yeux dans l'vide, avec a**iduité J'entends des bruits suspects donc suspends mon activité Ça vient de chez mes voisins, il est minuit moins cinq Ça, c'est l'heure du câlin, j'crois qu'c'est bientôt la fin J'colle mon oreille au mur en an*lysant les gémissements Il la prend frénétiquement, tout ça est très excitant Leur lit grince, j'aimerais m'y téléporter Je voudrais les regarder s'étreindre sans gêne et les border J'aime ces symphonies quotidiennes qui viennent me réconforter Ça pa**e des blanches aux noires, aux croches, bref, ils remplissent des portées Ça résonne dans tout mon appart', voire dans tout l'immeuble À croire qu'ils veulent que tout l'monde en parle, ils font trembler mes meubles C'n'est plus un coït, c'est une secousse sismique Une orgie de titans torrides, dommage qu'ils jouissent vite Elle voudrait la vie d'château, adopter un p'tit chaton Elle a troqué ses baskets et ses sandales pour des chaussures à talons Il préfère glander en caleçon, s'comporter comme un p'tit garçon Deux capitaines, un bateau, j'aperçois la grisaille qui plane sur leur salon Finie, l'idylle ensoleillée ; finies, les aspirations épicuriennes J'entends l'tonnerre gronder plusieurs fois par semaine, suivi d'une pluie de reproches diluvienne Embourbés dans la routine, ils dépérissent, la vérité s'est remaquillée
Ils aimeraient en retourner le sablier, recoller les débris de rêves éparpillés Mais l'amour est a**is dans un petit wagon dévalant des montagnes russes Aucune barre de sécurité ne peut le retenir, il suit le processus Et finit par s'envoler vers un ciel plus clément sans cumulonimbus Je l'ai vu déserter pas mal de foyers, ceci n'est qu'une rupture de plus Tous les dimanches, il se réveille seul Il déambule en silence dans le plus simple appareil, seul Dans ce décor, quelques miroirs lui permettent de se sentir moins seul Il brûle encore dans l'étouffoir, on peut dire qu'il s'en tire bien seul Planté devant son frigo, il devient explorateur En quête de restes qu'il engloutira tristement devant son écran d'ordinateur Il fume dans sa cuisine, fenêtres fermées, puis fixe d'un air dépité La petite montagne de vaisselle sale qu'il a lentement érigée Un cœur d'occasion dans un corps sans pa**ion Les souvenirs d'une vie bien rangée dans un grand carton Une armoire à moitié vide, des placards à moitié pleins Une pile de guides des villes visitées quand, à deux, ils n'étaient qu'un J'l'ai croisé dans l'escalier tout à l'heure, il m'a souri, soudain, son regard s'est éteint Il était là mais je savais pertinemment que, dans sa tête, il était loin Il refaisait le plein d'ébats de fous rires, de débats, de soupirs dont je fus témoin Revivant ces moments que le temps déteint, rembobinant avec soin le film avant la fin