Du pain noir, du pain d'seigle, Pour seul'ment subsister, Du pain blanc, du pain d'fesse, Pour seul'ment s'empiffrer, Du beau pin parasol, À Cannes, à Saint-Tropez, Ou un sale entresol, Une HLM mitée... Et puis des jeux, des jeux De haute antiquité, Un tigre, un lion, les deux, Et le dompteur bouffé, Et puis des jeux, des jeux, Anciens ou surannés, Une marelle ou deux, Une partie carrée! Un p'tit blanc sur le rade Ou un Vosne-Romanée, Un steak-frites et salade Ou des truffes cendrées, Les enfants, la belle-mère, Un patron à tuer, Sa "moitié" adultère Avec d'autres "moitiés"... Et puis des jeux, des jeux D'olympique portée, Des poings qui cognent des yeux Saignant sous les huées, Et puis des jeux, des jeux, Une place payée, On fait la queue, la queue, Pour seul'ment oublier! Pour oublier la fille Qu'on achète et qui geint, Les cannes et les béquilles Et tous les maux de reins,
L'autobus et la vie Qu'on rate à l'unisson, Les avis, les devis, Et les contraventions... Il faut des jeux, des jeux, De meurtre et de violence, Un p'tit James Bond ou deux, Un King Kong de jouvence, Il faut des jeux encore, En drogues de silence, Une potion d'Belphégor, Un comprimé d'suspense! Pour enfin trouver celle Qui ne viendra jamais, Cette blanche hirondelle Éclose au mois de mai, Ce amour dont on rêve, Quand on est écolier, Cet amour dont on crève, Quand on est parolier... Il faut des jeux, des jeux De cœur et de pensée, Une symphonie ou deux, Une valse à danser, Il faut des jeux, des jeux De larmes et d'amitié: "Allez, viens Jeff, moi, je N'te laisserai pas tomber!" Moi qui attends encore Votre morceau de pain, Et vous, dans ce décor, Qui reviendrez demain... Nous l'avons, notre dû, Il est là, sous nos yeux: Notr' Paradis perdu, C'est du pain et des jeux!