[Intro: Kateb Yacine]
"Au bout d'un certain temps, je me suis dit - il faut que j'aille à Paris
Parce que, continuer comme ça, ...
J'étais encore fragile, je sentais qu'il fallait me renforcer, apprendre ;
Et puis aller dans la gueule du loup, vraiment, dans la capitale de l'impérialisme
C'est là que je devais venir, c'est là que l'épreuve décisive devait se pa**er."
[Couplet 1: Hamé]
Je suis né juste après l'extinction d'un feu
Dont je garde des braises fumantes au creux
De ma gorge, de ma langue, de mes yeux
A ce pays de sable je n'ai jamais dit adieu
On m'a porté à bout de bras jusqu'ici
Dans la poussière d'un septembre après-midi
Dans des langes dépliés par le bruit
Dans l'espoir d'entrevoir un peu la vie
Ça ne s'oublie pas un être humain qui n'a plus rien
Et qui s'arrache pour mettre à table un bout de pain
C'est comme la peur du noir dans une chambre sans fenêtres
C'est comme des mots rares d'un an*lphabète
Et puis j'ai grandi en apprenant
Des noms de géants :
(Mouloud) Feraoun, (Frantz) Fanon, Kateb Yacine
Comme des trésors de guerre à la fin du film
D'un bout à l'autre de ma trajectoire
L'Algérie s'évade et revient me voir
Tout comme je verrai jusqu'à l'ultime soir
Le pas de mon père et ses mains noires
[Couplet 2: Casey]
Les mains noires ce sont celles de ma mère
De beaucoup de mes héros ou de certains de mes alliés
Quand je quitte ma terre, celle de ma grande-mère
Qui me font des adieux du haut de sont palier
Les mains d'Aimé Césaire qui m'ont hypnotisée
Quand elles ont saisi la plume et l'encrier
Et puis m'ont rendu la dignité
Avec le retour au pays natal de son cahier
Les mains de Martin (Luther King) de Malcolm (X) de Toussaint (Louverture)
Sans oublier le poing de Tommie Smith
De Frantz Fanon de Raphaël Confiant
De Rosa Parks et d'Angela Davis
Les mains mutilées, empalées, empilées, gangrenées
à genoux, sans raison enchainées
Qui ont tenu bon même à bout et dominées
Je suis fière d'avoir les mêmes que celles de mes ainés
[Outro: Aimé Césaire]
"... Imaginez ce spectacle extraordinaire, dix volcans à la fois crachant leur lave pour faire la Martinique. C'est fantastique, quelle naissance prodigieuse, çà vaut bien tous les big-bang ! C'est donc une colère cosmique ?
C'est une colère cosmique et, autrement dit, la colère créatrice, elle est créatrice ! Nous sommes loin de cette néréide sous la mer endormie, c'est beaucoup plus que cela ; Ce sont des terres en colère, des terres exaspérées. Ce sont des terres qui crachent, qui vomissent et qui vomissent la vie. Et c'est de cela que nous devons être dignes. Cette parcelle créatrice, il faut la recueillir et il faut continuer ... il faut la continuer. Et non pas s'endormir dans une sorte d'acceptation et de résignation."