Il se fit âne pour braire un peu
Placer un mot, téter sa mère
Les fesses rouges et les joues bleues
Les yeux lavés par la misère
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L'amour premier qu'il eût aimé
Fallait pouvoir se le payer
Il grandit seul au coin des rues
Cœur froid l'hiver, cœur froid l'été
Sous ses haillons d'hurluberlu
Il se fit roi, roi des ratés
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Car le grand air des consolés
Fallait pouvoir se le payer
Il prit compagne dans les fourrés
Sans prévenir Monsieur le Maire
Comme font les chiens au coin des prés
Comme font les pâles de la Terre
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Les convenances des bien-nés
Fallait pouvoir se les payer
Il fut escroc d'une cité
Se fit voleur des grands chemins
Survit à l'ombre des taverniers
L'âme effacée, puant le vin
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Car le pardon, l'honnêteté
Fallait pouvoir se les payer
Il mourut seul, un beau matin
Quand les bigots font leur prière
Lavé de pluie, rasé de loin
Son pauvre chien le mit en terre
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Car les prières des curés
Fallait pouvoir se les payer
Il a vogué sur trois étoiles
Sur les monts, les champs d'en-haut
À l'heure où les clartés se voilent
Il aborda un ciel nouveau
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Car le Bon Dieu, le paradis
Pour qui débarque, c'est gratuit