Quand elle revint chez les siens,
Les gens l'attendaient sur le port,
Buvant le vin des musiciens,
Entourés d'hommes et de chiens
Fidêles aux longs cordages
Et qui tenaient debout leurs fusées.
On lui mit autour du cou
La dent du dernier cheval mort
Qu'on avait amené chez nous
Et dont on dit qu'il bouge encore.
En elle-même, au fond du puits
Du temps qui s'est pa**é depuis
Alors autour des barques folles,
Les flammes rouges montent du sol
Et devant l'évêque des mots.
On parle d'elle à demi-mot.
On dit de Jeanne revenue,
Rendant au ciel sa lame nue
Que chaque démon qu'elle abat,
C'est celui qu'elle avait mis bas
Quand elle revint chez les siens.
Les gens l'attendaient sur le port,
Fumant l'herbe des magiciens,
Jouant sur des violons anciens.
Au creux de leur âme s'envole
La chanson de Jeanne la folle.
On dit que Jeanne est revenue,
Que c'est le démon toute nue
Et devant l'évêque des mots,
On la condamne à demi-mot.
A côté d'eux, la Marne roule
Et, de son écharpe, elle enroule
Magiciens sans cérémonie
Qui montent le creux de son lit.
Alors, tout est bien
Et, de la Marne au Rhin,
Les hommes et les chiens
Tout le long du can*l
Suivent Jeanne au bûcher bancal.
Quand elle revint chez les siens
Vivante et tous les autres morts,
Il s'en trouvait peut-être bien
Qui l'attendaient, qui l'aiment encore.
Au fond du puits volent les cendres
Où l'on voit son âme descendre.
On dit que Jeanne reviendra
Portant sa tête dans un drap.
Autour des barques qu'on a mises,
Montera l'eau de la Tamise
Et chanteront les vagues bleues,
Crachant des anges comme il pleut,
Des faux, des fourches et des pieux.
C'est pour le jugement de Dieu
Et chanteront les vagues bleues,
Crachant des anges comme il pleut
Des faux, des fourches et des pieux.
C'est pour le jugement de Dieu
Et chanteront les vagues bleues,
Crachant des anges comme il pleut
Des faux, des fourches et des pieux.
C'est pour le jugement de Dieu