Un jour, finir pêcheur
Parce que ça grandit l'homme.
Heureux comme ça,
Pas gagner plus d'argent.
Le matin, me lever,
Pas connu, pas guetté,
Parce que ça fait mal,
Ça fait mal a l'homme,
La célébrité.
Finir dans l'eau salée,
Juste savoir compter,
Vider le sablier
Et puis tout oublier
Parce que ça grandit l'homme,
De vivre sans parler,
Vivre sans paroles
Et d'apprendre à se taire,
Regarder sans voir
Les enfants qui dansent
Au bord du miroir.
Mais c'est toujours trop loin,
Toujours dans le noir,
Inaccessible,
Pareil au cur de la cible.
Un jour, finir pêcheur,
Que personne s'en souvienne,
L'écrive ou le dise,
Vider sa valise
Et brûler les journaux,
Les tapis, les photos,
Sans rien vouloir apprendre
Pour que les enfants sachent
Qu'on va quelque part
Quand on oublie tout,
Qu'on oublie les coups,
Qu'on déplie, qu'on secoue,
Que la folie s'attrape,
Qu'on déchire la nappe,
Maladie tout à coup
Que tu portes à ton cou
Comme un collier de fleurs,
De larmes et de couleurs.
Un jour, finir pêcheur,
Mollusque divin,
Peau de parchemin.
Mais c'est toujours trop loin,
A portée de la main,
Inaccessible,
Pareil au cur de la cible.
Un jour, finir pêcheur,
Tuer le mal de l'homme,
Se libérer de tout,
Prendre dans la mer
Les coraux, les vipères,
Et tout ça dans la main,
Sans lumière et sans gaz
Et sans barbe qu'on rase,
Un jour, finir pêcheur,
Avaler le compteur,
Regarder sans voir
Le calendrier
Qui tombe en poussière.
Qu'elle est loin, la terre.
Qu'elle est loin, la terre.
Le calendrier
Qui tombe en poussière.
Qu'elle est loin, la terre.
Qu'elle est loin, la terre