Des croissants chauds Chaque matin de nos vacances Chez grand-maman, au bord de l'eau C'était là toute mon enfance Mon oncle se levait très tôt Courait à la boulangerie J'ai cru comprendre à demi-mots Que la boulangère est jolie C'était le temps où l'on jouait Encore aux billes C'était seulement pour s'en moquer Que parfois l'on parlait des filles Et quand j'achetais des mistrals Et des caramels à un franc C'est vrai qu' je m'en fichais pas mal Que la boulangère ait vingt ans Et je mangeais sans me douter Qu'un jour ce pain contre mes lèvres Me ferait l'effet d'un baiser Et qu'il me brûlerait de fièvre Et puis il s'est mis à pleuvoir On est retourné à Paris Et j'oubliais dans mes devoirs Que la boulangère est jolie Avec le temps Mon oncle a pris de la bouteille Le pain frais et les croissants chauds Ont fait place à ceux de la veille Et j'ai le cœur adolescent Et je pense avec nostalgie Aux matins d'autrefois chantant Que la boulangère est jolie
C'était l' temps des copains Du foot et de la musique On courait après un ballon Après des amours platoniques À cet âge on a toujours faim Et c'est devant la boulangerie Qu'un grand m'a dit un beau matin Que la boulangère est jolie On a partagé un croissant Chacun a pris sa part de rêve Mais dans la mienne sous la dent Il y avait comme une fève Et puis il s'est mis à pleuvoir On est retourné à Paris Mais dans un coin de ma mémoire La boulangère était jolie C'est moi qui vais chercher le pain La femme est belle Un petit signe de la main Elle se retourne et derrière elle Sa fille met mon cœur en feu Elle est la même rajeunie Et je la dévore des yeux Que la boulangère est jolie Et je reçois comme un baiser Ce pain que je porte à ma bouche Ce pain que sa main a pesé C'est un peu d'elle que je touche Je l'attendais comme un cadeau Que le ciel m'aurait promis Son corps est comme un croissant chaud Que ma boulangère est jolie