Et les arbres, sans honte
Montrent leur nudité
L'automne s'effeuillait
Et l'hiver fleurissait
De pétales de neige
Comme s'il en pleuvait
Et je suis le chemin
Qui borde la rivière
Le visage en prière
Mal à l'abri du vent
Qui court d'arbres en arbres
Pour me gifler le sang
Je m'en vais, je m'en vas
Je fuis vers d'autres rives
Tous ceux que j'ai laissés
Feront des souvenirs
Je m'en vais, je m'en vas
Jusqu'à c' que vie s'ensuive
Et tant pis si je perds
J'aurai tout essayé
Et la terre transpire
Une sève nouvelle
L'hiver se rend, sommeille
Le printemps fait l'enfant
Il floconne de fleurs
Les arbres et les champs
Et puis bientôt l'été
Tout juste né qui meurt
Et l'automne qui pleure
Sous un ciel qui s'étonne
De tout revoir en jaune
Lui qui aime les fleurs
Et je vais, et je vas
Je cours de rive en rive
Tout ce que j'ai laissé
Me brûle de revenir
Si je vais, si je vas
C'est rien qu'à la dérive
Je sens bien que je perds
Moi, qui croyais gagner
Quoi, je me le demande
Peut-être une autre France
Dans un autre pays
Je me sentais l'envie
De neuves espérances
D'une nouvelle enfance
De neuves espérances
D'une nouvelle vie
Et me revoilà, là
À mon point de détresse
À mon point de faiblesse
À mon point de départ
En plus désespéré
Et plus désemparé
Et nous revoilà, là
Un peu plus en retard