T'avais l'air bien avec ta barbe Mais tu es bien sans elle aussi Elles t'ont fait du souci tes barbes On a chacun ses coqueteries C'était alors le temps des bardes Qui pour égayer nos soirées Frappaient sur un verre à moutarde Avec deux cuillères à café Tu cultivais de la rhubarbe Sur un compost élémentaire Dans la périphérie de Tarbes Avec trois universitaires J'aimais revoir vos quatre barbes Au marché de couci-couça Où derrière un stand en faux marbre Vous vendiez du fromage de chat Tu avais pris l'accent des arbres Dont l'évidente austérité Vous rend gai comme une mansarde Dans un immeuble sinistré Tu nous disais derrière ta barbe D'un ton docte quoique marginal Que rien n'égalait la rhubarbe Pour le transit intestinal Puis tu t'exilais dans ta barbe Muet comme un vieil initié Pour frapper ton verre à moutarde Avec deux cuillères à café
Tandis que ta femme aux yeux glabres En fumant des Gitanes maïs Découpait avec un vieux sabre Une pizza qui sentait la pisse Exaspérés par tes palabres Tes enfants sales comme des fourchettes Galopaient autour de la table En glaviotant dans nos a**iettes Et la bierre moussait dans ta barbe Et toi avec ton œil éteint Tu regardais imperturbable Les hôtes partir un par un T'es resté seul avec ta barbe Et puis un jour que t'étais veuf Avec le tranchant du vieux sabre Tu t'es rasé frais comme un œuf Tu croyais tenir la sagesse Entre ta bouche et ton tarin Comme si les poils qu'on a aux fesses Nous faisaient péter en latin Tu as revendu ta bouffarde De vieux Breton des Pyrénées Avec les hectares de rhubarbe Qui t'ont foutu la diarhée Avant de partir en exode Tu as licencié tes trois # En attendant qu'une autre mode Te lance dans un nouveau truc