Dans le berceau des cieux,
La princesse a souri.
Les ténèbres, charmées,
Ont joui de sa lumière.
La pâleur de ses yeux
A défloré la nuit.
La nature sublimée
L'honore de ses prières.
Lune tu as pour nom,
Bel astre millénaire,
Egérie fascinante,
Maîtresse de nos nuits.
Tu es le grand chaînon
Manquant que l'on vénère,
Fragile revenante,
Force de désennui.
Ta rousse chevelure
Dissimule parfois
Ton rond corps blanc laiteux
Au regard des étoiles.
Reine de la froidure
En qui nous avons foi,
Nous autres, êtres boiteux,
Couvre-nous de ton voile.
Je veux être l'élu
Qui jouira du plaisir
De se faire dévorer
Par la belle nocturne.
Ô bonheur absolu,
Je n'ai qu'un seul désir:
Entre mes doigts serrer
Le pied blanc de la lune.
Voici que retentissent
Les lugubres accords
Des hurlements de la
Terrestre symphonie.
Vois tous ces sacrifices,
Ces âmes et ces corps,
Brûler pour toi, Luna,
Assoiffés d'infini.
N'est-ce point un fardeau
Que cette solitude
Pour toi, de la nuit l'œil
Blanchâtre du mystère?
Fillette, ton landau
Est cette la**itude,
Cette froide aura de deuil,
Erotisme orbitaire.
Résignons-nous à vivre
Cette horreur magnifique:
A jamais séparés,
Unissons nos soupirs.
Mais pleurant je m'enivre
D'un espoir édénique:
De mes crocs déchirer
Ton être et le ravir.