Qu'est cette voix qui dépose, le soir, à mon oreille, Tel l'adulte un enfant devant une cathédrale, De grands bouquets fleuris aux portes du sommeil Qui s'ouvrent devant moi sous une pluie de pétales? Cette voix me murmure, d'une douceur infinie, Des psaumes enivrants qui me font frissonner; Et j'offre bras tendus tout mon être aliéné A cette muse qui rythme la cérémonie. Chaque soir elle renaît de ses évanouissements En marquant de son sceau ma chair et ma mémoire, Telle une nymphe dont le chant résonne dans les couloirs
De mon âme-labyrinthe soumise au recueillement. Maître je ne suis pas de ses apparitions, Et me suis fait l'esclave de la voix qui me hante. Le souffle court j'invoque la nouvelle possession Qui me délivrera de cette longue attente. Même si je sais qu'au fond ce n'est rien qu'une voix, Je ne puis m'empêcher d'implorer sa venue. Mon désir enflammé pose l'esquisse d'un nu Dans la fresque sonore où je plonge et me noie.