Ça y est, tout recommence, j'ai mis la clef Me voilà de nouveau au volant à tes côtés Tout est permis, tout et même rouler Sans essuie-glace sous la pluie qui bat Tous phares éteints dans la nuit noire Avec pour seule lueur ton regard De braise posé dans le mien Disposé à se laisser faire et faire couler Un peu de sang sur le bitume De nos vertes années Je me souviens du soir où l'on s'est connu Du réverbère que tu pris pour la lune Et du lit de verdure sous la voûte fleurie Des marguerites hautes Comme les colonnes d'une cathédrale Nous étions minuscules Et gigantesques à la fois Extralucides autant que possible Autant que l'on puisse l'être Lorsque la matière n'est plus Qu'une brume légère aspirée vers l'inconnu Il s'en serait fallu de peu Pour que l'on s'y égare Mais d'instinct nous avions Effacé nos mémoires Supprimé les pâles copies de nous-même Qui s'agitaient de-ci de-là Toujours autour du même problème: exister Désir définitivement sans substance Face à l'instant où nous étions ivres de voir
Sorti de nulle part un nouveau lendemain Quand nous sommes partis Sur la route un beau matin Partis sur la route Partis pour un tour à bord de l'Amba**ador Sur les pavés délavés de la veille Vers l'avenir rivés, happés par le destin Vers le festin d'une vie rêvée Une vie sourde à la douleur Aveuglément tournés vers la lumière De nos cœurs si certains Certains de ne faire qu'un Certains de ne jamais faire semblant Si seulement… L'amour, disait Hardellet C'est un pays à l'infini ouvert Par deux miroirs qui se font face C'était juste, juste avant que l'un des deux Que l'un des deux ne se ca**e Car c'est à cet instant précis que l'imprévu Nous fit face dans sa plus pure brutalité Que l'amnésie qui tranche dans le vif Nous jeta sur les récifs Pour le pire et à jamais… … Mais ça y est, tout recommence, j'ai mis la clef Me voilà de nouveau au volant à tes côtés Tout est permis, tout et même rouler Sans essuie-glace sous la pluie qui bat Tous phares éteints dans la nuit noire