Ma poésie s'écrit avec du sang Avec du sang [Couplet unique] Ma poésie s'écrit avec du sang Car ça lui donne du sens Tôt ou tard l'innocent finit souillé par l'existence Elle naît d'une plaie ouverte qui suinte le malheur du monde, emprunte De c'qui l'esquinte À chaque seconde, c'est une tragédie, un putsch, un coup d'Etat Une incurable maladie C'est Bush qui crie Votez pour moi C'est un clochard qui clamse en plein hiver de froid C'est un train d'déportés qui part mais ne reviendra pas C'est la folie d'un homme qui entraîne des milliers d'autres à leur perte Qui pour un royaume accepte que son humanité l'déserte C'est une torture, une langue coupée, une censure Une propagande du petit dèj au souper, c'est les territoires occupés Une justice bâillonnée, des espoirs amputés Une armistice encore toute congestionnée C'est un attentat-suicide, une logique qui nous dépa**e Regard perçant, lucide, un martyr qui t'explose en pleine face C'est un kidnapping, de Bagdad à Bogota Une rançon pour la vie d'une victime Combien l'argus décoté tu crois C'est des mensonges politiques, des secrets-défenses Un peuple qui croit à l'éthique en donnant sa confiance C'est des intérêts qu'on soupèse au prix de derniers soupirs Des peuples qui s'opposent, s'entre-tuent, s'déchirent Des consciences qui s'ankylosent, anesthésiées pour ne pas souffrir Car d'ici qu'un seul s'impose, seule la mort garde le sourire C'est une bavure policière, un Rodney King à terre Un enfant qui compte du mystère, devient serial k**er C'est une prière qui attend toujours d'être exaucée Une paupière qui s'relâche, des yeux à jamais révulsés C'est une tournante sur un matelas pourri Dans une cave sordide, des rires, des pleurs et l'euphorie Des supplications morbides, une fracture intérieure Qu'on n'peut pas palper Une désillusion d'monde meilleur qu'on n'peut attraper C'est un silence Pesant, étouffant, qui nous fige Une insouciance, une adolescence d'enfant Qui deviennent ruines et vestiges C'est une petite sœur traitée de pute et de ta**' Qui entre féminité, naturel et réput', cherche sa place C'est un foulard qu'on montre du doigt Une foi qu'on blasphème, regarde les médias L'islam fait peur tu vois c'est ça l'thème C'est des étiquettes qui crucifient la banlieue Comment fait-on si entre caille-ra et intégriste y a pas d'juste milieu C'est une double peine, prison, expulsion, vie gâchée Un boulet, des chaînes, sentiment d'exclusion C'est un beau discours qui parle intégration Un délit d'faciès, un dialogue de sourds, une grosse déflagration Une vitrine qui vole en éclats, des ca**eurs aux abois Des CRS qui cherchent pas Qui tapent sur tout c'qui bouge même toi C'est un braquage avec fusillade comme dans Heat Des convoyeurs de fond qu'on attaque au lance-roquette J't'explique c'qu'on peut faire pour du fric Beaucoup n'ont pas d'blague de joke
Tu connais d'jà la réplique, on t'braque même pour du toc Des requins pour l'bénèf, des réglements d'compte Des embrouilles bidon pour des meufs, histoires de seufs et fusils à pompe Des face-à-face sanglants, s'agit pas d'faire semblant Une bastos et c'est fini même si un bon guerrier vaut plus que cent clans C'est une violence ban*lisée, man cogite Jouer les héros peut t'amener à finir paralysé, tétraplégique Ça s'joue à peu tout ça Heureusement qu'pour vivre heureux il m'reste mon crew Darmsa Car j'ai vu les idéaux d'hier mordre la poussière Personne bouger pour les relever, pas même d'ambulance ni de civière Des fleurs fanées pour eux au cimetière Des tombes profanées, des croix gammées meurtrières J'ai vu la fierté comme une tainp, s'brader pour pas cher Des nobles causes bousillées par la trahison d'frères Quand l'argent achète l'honneur, la liberté et plus Peut-être vaut-il mieux mourir, le cœur léger, sans peur De sauter du bus et des ambitions qui avortent Des rêves qui au loin s'emportent, d'une estime de soi presque morte Un cœur qui s'ferme comme une porte Car l'image qu'on nous renvoie Nous persuade qu'on est mauvais au point qu'on s'sent à l'étroit Dans ses shoes, et dans tout c'qu'on fait C'est si facile de rater sa vie, si facile d'se planter t'as vu Si tu t'consoles en rêvant d'paradis Dis au big boss que j'ai toujours fait d'mon mieux dans la rue Même quand j'échouais en garde-à-vue C'est toutes ces résolutions envolées, parties en fumée Toutes ces convictions spéculées, à tort consumées Toutes ces aspirations muselées par l'béton et les blocs Toutes ces déceptions consolées par un sourire ou par un f** C'est l'échec scolaire, l'orientation, la colère, l'aliénation populaire L'humiliation, la défaite, la galère C'est des familles en deuil, des jaloux qui portent l'œil Des pères, des mères qui renient fils et filles C'est cette envie de hurler, de cracher au monde c'qu'on ressent, c'qu'on vit C'qu'on veut, c'qu'on voit, c'qu'on sait C'est toutes ces émotions qui nous brûlent de l'intérieur Cette incompréhension qui nous accule face à la sécheresse des cœurs C'est p't-être tout c'qui m'reste Avant d'réaliser qu'j'suis presque mort Depuis ce texte, ma venue au monde officialisée Demain c'est loin, alors j'écris, on verra bien Si c'était une connerie, advienne que pourra [Outro] Advienne que pourra Parce que Ma poésie s'écrit avec du sang Car ça lui donne du sens Sans fantaisie, juste la vie glaçante Prépare-toi pour la descente Ma poésie s'écrit avec du son Pour les sourcils qui s'froncent Ceux qui s'en sortent, ceux qui foncent Dans l'mur Ceux qui s'réveillent, ceux qui pioncent C'est sûr Ceux qui renoncent, ceux qui tentent Car l'agonie Sera lente L'agonie sera lente (t'entends) Ma poésie s'écrit avec du sang