Il veut sur ta chair opulente
Ma**e de blancheur
S'étaler ainsi qu'un nageur
Sur la mer tremblante
Car ton ventre, tes seins élus
Par son désir vague
Apparaissent comme la vague
À l'heure du flux
Cela monte, descend, remonte
Et puis redescend
Ainsi que le flot rugissant
Et que rien ne dompte
Couché sur ton corps, ton amant
Peut croire qu'il plonge
Pêcher le corail et l'éponge
Tout en s'endormant
Pour l'entretenir dans ce rêve
Tes seins tourmentés
Ont l'odeur et les âcretés
D'une ardente grève
Ce parfum rude et singulier
Et qu'aussi recèle
Ta fauve et broussailleuse aisselle
Ne peut s'oublier
Il prend à la gorge et grise
Comme du poison
Et, chancelante, sa raison
Y reste surprise
Va, que ton corps tempétueux
Saute et se courrouce
Sa fureur lui semble douce
Et fermant les yeux
Il s'étendra pour que tu puisses
L'engloutir au fond
De l'abîme humide et profond
De tes fortes cuisses
Il sent couler tes pleurs ardents
Sur son front qui fume
Ta salive en suave écume
Arrive à ses dents
Nageur éperdu il s'élance
Au bruit des sanglots
Dont tu laisses couler les flots
Avec violence
Mais le souffle, ô cher océan,
D'éternelle ivresse
Lui fait défaut sous ta caresse
Pleine d'ouragans
Ah ! Cherche s'il n'est point un havre
Un trou de rocher
Une plage pour y coucher
Ce pauvre cadavre
Ce triste canot souffleté
Par la froide houle
Ce gauche navire qui roule
Lourd et démâté