OK, je crache ce morceau comme un hommage Je mets les pendules à l'heure : le rap m'appartient pas, ni à personne Pas moyen que je donne des gages ; les gardiens du temple pourront toujours me traiter de profane... Allez, remballe l'orthodoxie, je suis méchamment à découvert niveau street-crédit Houla, ça trafique le stéréotype ! Mais pas de brevet de misère, ou alors qui le délivre ? D'abord, le rap c'est dans mon corps, j'y suis dans mon élément comme un mort à la morgue Il lie ma bile à ma salive, mes tripes à mon cerveau, met ma folie à mon service Il donne voix à ma panique. Un flow qui me travaille, une ba**e qui me traverse Un sentiment de puissance juste l'espace d'un instant, puis te laisse KO comme une prise de son. C'est un duel entre forme et fond, entre beat qui claque et rime qui pense Une tension entre bringue et deuil. Traite pas le rap d'a**a**in, le rock s'est tué tout seul ! C'est pas le pire moyen de se la raconter, ça nous change un peu de voir nos ventres vibrer Quand se perd la mémoire et les grandes idées, quand faut se vivre en guerre pour mourir en paix Qu'on le pille, qu'on le nie, qu'on le vide de son sens Qu'on en parle, surtout qu'on le méprise C'est pareil : le hip-hop n'est à personne Qu'on le conchie, le cache, qu'on l'affiche ou le ca**e Qu'on l'imite, qu'on l'engraisse, qu'on l'évite, qu'on le cherche, C'est la même : le hip-hop n'est à personne J'en attends rien d'héroïque ni d'exemplaire, OK ? Il est juste de ce monde, il est pas au dessus Des paroles libres, le rap est de partout. Il se veut pas unanime, y a que du parti-pris Compte pas dessus pour que ça parte en vrille : pas d'art émeutier, mais combien de fois faut le dire ? Il ca**e pas de vitrines, fait peu de victimes, désolé mon frère : c'est pas une arme de guerre
Au mieux, il attise quelques braises, nourrit quelques colères, mais il les fabrique pas Quand ça craque tout autour, parfois mieux vaut se taire Y a plein de faux combats que parfois mieux vaut perdre Y a pas de chemin tracé, souvent mieux vaut se perdre ! Pas sûr que les mots suffisent, mais j'ai peur de parler tout seul alors je rappe quand même J'ai des mentors dans le rap qui le savent même pas, j'écoute en boucle si les textes me frappent. Ça dure ce que ça dure, un MC cha**e l'autre dans mon hip-parade C'est comme le reste : j'y cherche pas de pureté ; rien qu'à l'idée, moi ça me ferait flipper Je suis pas puriste mais j'ai v'là l'exigence ! J'attends du rap qu'il tue, donc il me déçoit tout le temps Qu'on le boycotte, l'insulte, le commente ou le vende, Qu'on le critique, l'interdise, ou bien qu'on le défende, C'est la même : le hip-hop n'est à personne Qu'on le rende incolore, inodore, indolore Qu'on l'embaume, qu'on l'endorme, qu'on s'en réclame encore, C'est pareil : le hip-hop n'est à personne C'est à tout le monde, puisqu'à personne Regarde : ce siècle sue la souffrance par tous les pores C'est à tout le monde, puisqu'à personne Ce qu'on recrache, c'est la violence sous toutes ses formes C'est le cri de la galère, l'écho du charbon Rumeur des bannis qu'ont pas voix au chapitre Le cul du tarpé, chroniques du parterre, Le refrain des morts-nés Le rap est immortel !