J'appartiens au cheptel, qu'on maintient à l'étable La brebis rebelle qui doit rejoindre le bétail Mon nom est un détail et personne ne m'appelle Qui aura ma gueule sera décoré d'une médaille Deviendra un modèle, une idole, pour la foule un symbole Le cowboy qui a vaincu le cobaye Mis dans la corbeille, la queue et les oreilles Cloué au portail le trophée de la bataille On me croit criminelle, anormale, me voit dans les tunnels Me cherche dans le can*l avec fusil et jumelles Il faut me faire mal, là, le journal est formel Au signal, viser la moelle, donner la mort intentionnelle Rien n'est rationnel, la cha**e est nationale Pa**ionnelle, prise en charge par des professionnels Éliminer l'animal, qu'il soit mâle ou femelle Salir sa gamelle avec sa pisse ou ses semelles Libérez la bête, effacez sa dette Essayez d'oublier qu'elle n'a grappillé que les miettes Et ne niez même pas les misères que vous lui faites Elle n'a pas d'autre tort que d'avoir une autre tête Et elle est sûre d'elle, hors d'elle, adore le bordel Ses morsures sont mortelles et ses blessures morcellent Et elle sort tel le crotale, avec son venin fatal À coup sûr venir à elle, c'est périr d'une mort sale Elle harcèle, dort seule, protège son épine dorsale Et à elle seule, représente le mal universel
Pille toutes vos parcelles, vos portions, vos pains de sel Faites attention à celle que la cruauté ensorcelle Scellez les arrières salles, les nacelles, les pa**erelles Les quartiers, les cartels, les écoles maternelles Quelles sont les nouvelles, ses rituels éventuels Où va-t-elle, où vit-elle, ses va-et-vient habituels Ses questions sont vitales, essentielles, capitales Son habitat naturel, ses réflexes, son mental Sa pensée est bestiale, sa colère officielle Vous la reconnaîtrez, son pelage est spécial A la verticale, par les cervicales Ils ont lynchés la curiosité tropicale A la verticale, par les cervicales Ils ont lynchés la curiosité tropicale Et sa fin fût sans appel et radicale Sans autopsie, ni même avis médical On la montre, on l'étale, sa mort est un régal Et de porte en porte et d'escale en escale On balance poubelles, insultes, matières fécales La foule est immense cruelle et inamicale La charogne, le chacal, finira dans un bocal Mais au fond quel est le mobile de cette cabale Mais au fond quels sont les motifs de ces coups de pelle Mais au fond pourquoi lui infliger toute ces séquelles Mais enfin dites moi pourquoi vous avez peur d'elle La bête n'est qu'elle-même, et n'a pas la tête du teckel