Mon idée de cabane Je voudrais une cabane ancienne et cabossée Une cachette de femme triste, à la tête qui fait mal Pas plus grande qu’une grosse boîte, quelques traces de métal Des ardoises sur le toit, quelques écarts au sol Et des trous dans les murs, le même modèle que moi. Dans ses planches de bois je trouverais une paix Une aide qui console, la sûreté de l’insensé Une pause qui défait la violence de vivre Qui n’arrête jamais pour les moineaux battus Par un vent qui balaie leurs efforts inaudibles Qui sait si un matin je partirai sans mot Mon chien comme seul motif pour faire marcher les freins Et j’irai là-bas, dans ma cabane en bois Comme j’aimerai comme une mère qui me prend dans ses bras J’aimerais bien être la seule à la trouver jolie Belle même, polie comme un oiseau L’histoire d’une vieille femme sur un vieil escabeau Les mains d’un menuisier qui caresse son vernis Et le cœur généreux de tout gamin heureux
Jamais jamais personne à cet endroit précis Les humains sont usants pour ma petite poitrine Qui comprend trop de gens, trop de raisons de pleurer Comme une ville entière peuple un escalier Heureusement ma cabane n’aurait qu’une seule clé Qui sait si un matin je partirai sans mot Mon chien comme seul motif pour faire marcher les freins Et j’irai là-bas, dans ma cabane en bois Que j’aimerai comme une mère qui me prend dans ses bras Mon idée de cabane m’accompagne chaque fois Qu’il n’y a plus nulle part où je peux être moi Ma version malheureuse n’intéresse personne Ni moi, ni les consonnes mais il faut l’écouter Parce que si je l’évite je suis sûre de tomber Je crois bien qu’un matin je partirai sans mot Mon chien au bout de la main, un sac à dos bien plein Et j’irai droit là-bas, dans ma cabane en bois Que j’aimerai comme tous ceux qui me mènent là-bas. Dans ma cabane en bois.