Tendu de crêpe, au crépuscule,
Flanqué d'un grand noir majuscule,
Au zénith profond de minuit,
Il avance dedans la nuit,
Le bourreau, le bourreau.
Moi, je le nargue lentement,
Comme un jour d'hiver au printemps,
Comme la toute dernière gelée
Sur l'avant-garde de l'été,
Ce bourreau, ce bourreau.
Car moi je vis, comme un printemps
Qui en sait peu, qui ne sait pas,
Car moi je vis, comme un éclat
De feu d'amour en feu de joie
Et tant pis si, de temps en temps,
Il neige un peu sur mes printemps.
Je sais bien que, certains matins,
Il y a des fleurs de chagrin.
Flanqué de son grand M majuscule,
Tendu de crêpe au crépuscule,
Au zénith profond de mes nuits,
Il avance dedans ma vie,
Le bourreau, le bourreau.
Il connaît très bien son chemin.
Tous les chiens lui lèchent la main.
Il connaît très bien son chemin.
Tous les chiens lui lèchent la main,
Au bourreau, au bourreau
Mais moi je vis, comme un printemps
Qui sait très bien, qui prends son temps,
Mais je vis en attendant,
Le temps qu'il me reste de temps
Et bien sûr, que de temps en temps,
Il a neigé sur mes printemps
Mais je n'ai pas, dans mon jardin
Que des fleurs couleur de chagrin.
Quand se pose le crépuscule,
Vêtue d'un grand noir majuscule,
Gantée d'un velours noir qui luit,
Moi, je m'en vais vivre ma vie
Sans bourreau, sans bourreau.
Tout en le narguant lentement,
J'aurais cueilli tous mes printemps.
J'aurais vécu d'avoir aimé.
J'aurais tout pris, tout partagé,
Sans bourreau, sans bourreau.
Il peut venir au crépuscule,
Flanqué de son M majuscule.
Au dernier souffle de ma vie,
Il ne prendra qu'un corps sans vie.
Il ne prendra qu'un corps sans vie,
Le bourreau, le bourreau, le bourreau...