« Non j'n'ai pas le temps... » soupire-t-on d'un air éteint
A ceux qui en demandent, le perdre ? Hè, jamais pour rien !
On préfère le gâcher pour tout, la roue tourne sur elle-même
Et la routine malgré nous sème, ses graines...
Il s'égraine toujours plus, on le grappille, éparpillés
Laisse m'en un peu, enlace-moi encore, plus fort, j'veux pas y aller
"Allons, sois raisonnable..." te surine-t-il, inexorable concept
A ses fins de rendement nous sommes jugés ineptes
Malgré l'asthme on feint le rythme, à coups de néologismes barbares
On « procrastine » tu crois ? Mais tu crois que c'que tu veux voir
La grande course dans l'élan, rattraper ce taré de lapin blanc
L'espace d'un instant contrôlé j'entr'aperçois le bout de son cadran
Et les aiguilles sont truquées, elles avancent plus vite que nos vies
L'œil rivé sur la montre le jour se distillent les envies et la nuit flotte dans l'air
Ce parfum, délétère d'attente amère, « on s'y perd, hein ? »
A épargner ses fesses du stress et de la misère
Éperdument masquée, chacun reste à son garde à lui
Enfile son costume et son masque gris contre la pluie
De stimuli sensoriels, pas le temps de trier les cerveaux se sabordent
A force d'horaires ternes, l'horreur interne déborde
Désordre intérieur, atmosphère surchargée de saveurs
Superficielles, on vit l'instant contre la montre et nos instincts nous leurrent
Change de pattern ! Fais varier le rythme, alterne !
Nos cycles biologiques sont trahis et se noircissent nos cernes
On surnage dans l'ère du temps mais on perd
Tout relativité face à l'échelle de la vie sur Terre
Une saison c'est déjà trop long, on compte en minutes au quotidien
Et pourtant tout va trop vite et personne n'est aux commandes du train
Tuer le temps...
On gomme des années d'Histoire, en quelques pages nauséabondes
On abat des arbres séculaires en quelques secondes
Sans réellement s'en soucier on traverse des paysages millénaires
Le temps... On ne fait qu'en gagner mais on nous fustige de n'en rien faire !
Et les affaires sont les affaires, il n'y a pas d'heure pour ça
Le tic-tac dopé au lithium les mène par le bout du bras
Le temps ou l'envie, l'envie de temps pour plus de quoi, d'ennui ?
Et lorsqu'enfin on l'a devant, soi pour des choses sérieuses on fuit !
Sauf le respect que m'inspire Bra**ens, parfois il fait à l'affaire
Certains s'en servent et le contrôlent comme pour mieux accélérer
La rotation de la Terre, dans l'espace, où nous sommes les seuls à compter
Si on peut plus stopper leur course on pourrait ralentir la notre malgré
Le profit, toujours lui, et toutes ses institutions...
Qui comme chaque drogue, génère une sévère addiction
Laisse la part belle à l'exclusion, le bonheur à l'état d'illusion
Rattraper le retard accumulé... mais sur qui donc
Et en quel nom ? Depuis le temps, rien n'a changé
L'horloge nous garde et nous aiguille, le panoptique a son berger
L'amnésie guide les colères, certaines frénésies font peur
Et tous les jours on nous imprime dans l'inconscient...
Que sur le monde on ne sera jamais à l'heure
Tuer le temps...
Plus on en a, moins on savoure
Et plus on court, moins on en a
"Si leur temps c'est de l'argent, alors on s'charge de l'a**a**iner
Son linceul sera aussi sale que les mains qui l'ont façonné
Nos sabliers, n'ont rien en commun, puisque les leurs ont banni
Du décompte l'utopie, s'il le faut j'attendrai demain."