Du temps que j'étais gentille
J'ai connu un galopin
Qui maniait la faucille
Dans un champ tout près du mien
Comme il donnait bien la patte
Comme il faisait bien le beau
Je lui fis un peu d'épate
En astiquant mes sabots
Mais, s'appelait-il Grégoire
Jean, Philippe ou Sébastien?
Vous aurez peine à me croire
J'avoue que je n'en sais rien
Je portais à cette époque
Des jupons amidonnés
De ces cloches qui évoquent
Bien des fêtes à sonner
Fut-ce le vent qui badine
Ou bien ruse à ma façon?
J' me mis à sonner matines
Aux oreilles du garçon
Mais, s'appelait-il Grégoire
Jean, Philippe ou Sébastien?
Vous aurez peine à me croire
J'avoue que je n'en sais rien
La valeur de l'artifice
M'apparut sur le moment
Comme un moine à son office
Accourut le garnement
Pour la suite du chapitre
J'espère que l'on voudra
M'en laisser être seul arbitre
Et la garder bien à moi
Mais, s'appelait-il Grégoire
Jean, Philippe ou Sébastien?
Vous aurez peine à me croire
J'avoue que je n'en sais rien
Le temps de quelques bréviaires
Dura notre balthazar
Puis nos adieux s'égrenèrent
À l'horloge du hasard
J' n'étais pas encore méchante
Mais quand il fut en allé
Ce regret toujours me hante
"Je n'ai pas su l'appeler"
Devais-je crier Grégoire
Jean, Philippe ou Sébastien?
Le plus triste de l'histoire
Est que je n'en sais toujours rien
Car enfin je l'aimais bien