Karadoc est dans les escaliers, scrutant le sol. Arthur arrive devant lui.
Arthur (agacé) : Qu'est-ce que vous foutez là, vous ?
Karadoc : J'crois que je me suis fait piquer un truc.
Arthur : "Piquer un truc ?" Par qui ?
Karadoc : Ben j'en sais rien. Mais bon, j'croise votre nouvelle maîtresse dans le couloir - j'dis pas que c'est elle – j'avais une crêpe aux champignons, pas moyen de remettre la main dessus.
Générique
Scène 1
Arthur et Léodagan sont tous les deux à table en train de manger.
Léodagan : Tiens, ça m'fait penser : l'autre jour je descends aux cuisines, hein. J'sais plus ce que je foutais, j'ai pris la dalle, pour demander à l'autre gros con de me faire des tartines. J'débarque là-dedans, personne. Alors j'appelle, j'commence à gueuler : pas un rat dans c'te cuisine. Pis comme c'était quand même deux heures du mat', ben j'me suis dit qu'ils aillent chier tous, j'vais m'servir tout seul. J'ouvre les placards, je racle un peu dans les coins, pis j'finis par dénicher un reste de terrine et un bout de pain.
Arthur : Merde, j'espère que vous avez une chute à tout ça parce que l'intro est comaque !
Léodagan : Attendez, laissez-moi finir, je vais perdre le fil ! Bon, une fois n'est pas coutume, j'me dis : j'vais becter dans la cuisine ! Et allez, j'm'a**oie, pis j'entame ma tortore, quoi. Et juste à ce moment-là… Accrochez-vous, hein.
Arthur : J'm'accroche ! J'fais que ça, vous pouvez me croire !
Léodagan : Votre nouvelle maîtresse, la jeune, là, mauvais genre, malpolie.
Arthur (inquiet) : Azénor ?
Léodagan : Ouais, voilà, cette machine là. Elle débaroule du fond de la pièce… Alors, elle devait être planquée depuis le début hein, j'en sais rien. Elle arrive à ma hauteur, tac ! Elle attrape ma terrine, mon bout de pain et elle s'fout le camp par le couloir du fond.
Arthur (ennuyé) : Aïe.
Léodagan : Disparue ! Désintégrée ! Avec ma bectance ! Qu'est-ce que vous dîtes de celle-là !
Arthur : Ben, j'sais pas.
Léodagan (embarra**é) : Ben ouais, le plus chiant c'est que, la loi est formelle à propos des voleurs à la tir… Vous allez pas être embêté avec une maîtresse qu'à plus de mains, non ?
Scène 2
Azénor rejoint Arthur et Léodagan à table.
Azénor : J'suis désolée, j'ai toujours tout piqué c'est comme ça.
Léodagan : "C'est comme ça" ? Bon, ben nous on a système judiciaire implacable, c'est comme ça ! C'est pareil.
Azénor : Oui, ben là d'où je viens, c'est dès qu'on marche qu'on apprend à voler sa bouffe, sinon on survit pas.
Arthur (calmement) : Bon, là d'où vous venez c'est une chose, maintenant vous êtes à Kaamelott, bon ben ça va, vous êtes pas une mendiante…
Azénor (fâchée, pointant du doigt Arthur) : Jamais j'ai mendiée, pas une seule fois !
Léodagan (ironique) : Ah ben non ! Ça fait clodo ! Tandis que voler, bon ben, ça reste un genre !
Azénor : C'est digne.
Arthur (toujours aussi calme) : Attendez, par ce qu'on va reprendre les choses depuis le début : moi, quand je vous ai demandé de devenir ma maîtresse…
Azénor (re-pointant du doigt Arthur) : Oui ben là dessus aussi on pourrait y revenir !
Arthur (commençant à s'énerver) : Bon ben, on y reviendra plus tard, si ça vous dérange pas ! C'est pas le sujet !
Léodagan : Alors, quand ce sera le sujet, j'me permettrais de glisser une remarque ou deux, hein bon. Par ce que c'est pas pour critiquer mais vos maîtresses… Alors j'dis pas qu'il faut que ce soit des marquises, à chaque fois. Enfin, si vous pouviez éviter de les recruter chez les bandits !
Arthur (étonné) : Les bandits ? Mais c'est une fille de paysans…
Azénor (fâchée, à Arthur) : Et alors ? Vous voulez pa**er quinze jours à la ferme de mes vieux pour voir ? J'vous préviens, ça va vous changer d'ici ! A force de bouffer des orties et des racines , forcément on se retrouve toujours à piquer des poulets sur le marché, c'est fatal.
Léodagan (à Arthur) : La pente du crime. Ah vous pouvez vous venter de savoir les choisir !
Arthur : J'les choisis pas selon leurs origines, figurez-vous, j'fais pas de l'élevage de Setter !
Léodagan : Ben selon quoi alors ?
Arthur : Mais selon quoi ? Selon… j'sais pas. C'est une histoire de bon ben…
Léodagan : Ah si vous dîtes d'amour, j'vous préviens, j'me ca**e !
Azénor : Ah moi aussi !
Arthur : Ce que je veux dire, c'est pas compliqué… (Il prend la main d'Azénor.) Maintenant que vous avez de quoi bouffer, essayez d'arrêter le tir un petit peu. (Azénor baisse les yeux) Par ce que les larbins des cuisines se prennent deux volées par jour à cause de la bouffe qui disparaît.
Azénor (sortant de table) : Ça va, j'vais faire c'que j'peux.
Azénor quitte la pièce.
Léodagan (compréhensif) : Non vous avez été clair, faut reconnaître.
Arthur : Non pis en plus, j'voulais vous dire, elle est très bien cette fille, simplement le seul truc qui…
Arthur s'arrête brusquement de parler et regarde sa main.
Arthur (en colère) : Oh putain la salope, elle m'a tiré ma bague !
Léodagan vérifie sur lui qu'Azénor ne lui a rien volé.
Scène 3
Arthur et Azénor sont seuls à table.
Azénor : J'suis désolée. J'ai pas fait exprès.
Arthur : Celle-là en plus j'peux pas vous la laisser.
Azénor : J'en veux pas.
Arthur : Si vous en voulez pas (en montrant sa bague) foutez-lui la paix !
Azénor : Pff, j'peux pas prendre de bouffe, j'peux pas toucher aux bijoux ! Moi j'en ai marre de me faire servir. J'suis pas une grosse bourge comme votre femme !
Arthur (pointant du doigt Azénor) : Ah attention ! Laissez ma femme en dehors de ça ! Vous serez gentille !
Azénor : Pff, j'peux pas vivre comme ça. Moi ce que je bouffe, je le vole. Ou alors je le bouffe pas.
Arthur sourit.
Azénor : Qu'est ce que vous avez à sourire ? Vous vous payez ma tête ?
Arthur : Mais non…
Azénor : Alors quoi ?
Arthur : Rien.
Azénor : Ben si.
Arthur : J'aime bien votre côté, euh… Voilà. Vous êtes toujours…
Arthur prend la main d'Azénor.
Azénor : C'est vrai vous trouvez pas ça insupportable ?
Arthur : Mais non. Je gueule, je gueule un peu, mais j'veux dire c'est pas par ce que…
Azénor essaie de nouveau de voler la bague d'Arthur.
Arthur (en criant) : Mais n'essayer pas de me la repiquer maintenant ! Ça va bien !
Azénor (baissant la tête) : J'suis désolée.
Générique de fin
Karadoc est dans les escaliers. Il attend Arthur qui est en train de descendre.
Arthur : Ben vous êtes encore là, vous ?
Karadoc : En fait, c'était pas votre maîtresse. J'l'ai croisé, j'me suis excusé. La crêpe, elle était tombée dans l'escalier. Par ce qu'en fait, j'les coince toujours par là et… (montrant sa ceinture à Arthur ) Merde !
Karadoc se met à chercher sur lui.
Arthur : Qu'est ce qui y a ?
Karadoc (voix off) : J'suis pas fou j'avais un flan aux quetsches !